Histoire du village et du château de La Chapelle Faucher

Le bourg de La Chapelle Faucher vu des collines environnantes Elevage de blondes d'aquitaine Le périgord, terre de lumière La mairie ete l'école de la chapelle-faucher Fenêtre fleurie au centre du bourg Entreprise de palettes et palox Barbarie Hortensias roses au bord des maisons Le pont sur la côle à l'entrée de la Chapelle Faucher Mariage du siècle dernier Le château, l'église et le centre bourg Ferme fortifiée de la Chapelle Faucher Pépinièriste Dubuisson à la Chapelle Faucher

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Au XIIème siècle, le Périgord était en Aquitaine – Aquitania : pays de l'eau, miel de la terre, s'étendant de Poitiers aux Pyrénées, l'équivalent de 19 départements français d'aujourd'hui. Aliénor d'Aquitaine l'apporta au roi de France dans sa corbeille de mariée. Dommage que Louis VII n'ait pas su garder son Aliénor, une femme très belle et très pulpeuse, intelligente et cultivée, ambitieuse et admirée par les troubadours poitevins et périgourdins. « J'ai épousé un moine, il a épousé l'Aquitaine » s'exclamait la reine de France. Le mariage est dissous et la belle Aliénor épouse Henri II le Plantagenêt en 1152 et deux ans plus tard, devient reine d'Angleterre. Couple prestigieux qui avait l'intention de faire de Bordeaux une grande capitale de l'Europe occidentale au même titre que Londres et Paris. L'Aquitaine mais aussi l'Anjou et la Normandie. Les Bordelais se souviennent encore du temps où les Anglais vendangeaient l'Aquitaine. Les bois étaient défrichés, les vignes plantées et le vin exporté vers l'Angleterre. Mais le Plantagenêt fit enfermer son épouse en Angleterre. C'est le grand échec pour Aliénor.

La construction du château

Telle était à la fin du XIIème siècle la situation de l'Aquitaine avec un Périgord resté fidèle au roi de France. Le roi de France Philippe-Auguste va s'approprier le Périgord probablement avec l'assentiment de Jean-sans-Terre, le dernier des fils d'Aliénor. La vicomté de Limoges donne l'odre de renforcer la position française en périgord. M. Fulchier de Chabans ou Fuchier D'Agonac, Damoiseau d'Agonac est désigné comme bâtisseur du château de La Chapelle-Faucher. Les travaux sont terminés en 1205. La mission de la garnison capétienne était de défendre une des portes du nord du Périgord et verrouiller la rivière la Côle qu'au Ixème siècle les Normands avaient utilisé pour transporter hommes, vivres et munitions. Malgré la présence des Anglais dans quelques châteaux périgourdins, le château ne fut pas assiégé pendant la première moitié du XIIIème siècle.En 1259, par le traité de Paris, le roi Saint-Louis rend le Périgord aux Anglais.

La chevauchée du Prince noir

Edouard III, roi d'Angleterre, descendant des Plantagenêts mais aussi des Capétiens par sa mère Isabelle de Francen était prétendant au trône de France au début du XIVe siècle. Ce fut finalement un Valois qui devint roi de France. L'échec d'Edouard III est prétexte à la guerre de Cent ans. Les défaites de l'armée française sont nombreuses : Calais, Crécy, Domme, Bergerac. A cette guerre sans pitié vient s'ajouter en 1348 la peste noire. Le Périgord est devenu le royaume des trois cavaliers de l'Apocalypse : la guerre, la peste et la famine. Sur ce sol meurtri, les Anglais vont encore renforcer leur position. En 1356, le prince de Galles appelé plus tard, le Prince noir, fils aîné d' Edouard III, va rassembler 10 000 routiers à Bergerac. Cette armée de routiers, composée en grande partie de gascons, va marcher sur Périgueux, Château-l'Evêque, Brantôme, Nontron, Rochechouart puis Poitiers ou l'armée française de Jean-le-Bon essuya une des plus humiliantes défaites de l'histoire de France. En chemin, apprenant que le château était une forteresse capétienne, le Prince noir donna l'ordre de piller, incendier et détruire les maisons du village, l'église et le château de la Chapelle-Faucher. L'histoire ne dit pas combien de temps dura le siège du château. Ce qui est certain est que le village fut entièrement détruit, comme le château et une travée de l'église paroissiale. Le village et le château restent en ruines pendant une centaine d'années. Il faut attendre la victoire française sur le général Talbot en 1453 à Castillon pour que le château et le village renaissent de leurs cendres.

Les travaux du XVe siècle

Vers 1460, le vicomté de Limoges qui n'avait probablement pas les moyens de reconstruire le château, le donna ou le vendit à Audoin de Farges, écuyer du duc de Guyenne. Le nouveau propriétaire ne dit pas grand chose sur le château. Il trouve des tours en mauvais état et une chapelle privée détruite. Il va entreprendre de grands travaux : construction d'une chapelle sépulcre attenant à l'église, d'un mur droit pour fermer l'église mais ne reconstruira pas la travée détruite par les Anglais. Puis il aménagea son château : des fenêtres à meneaux sont percées dans les tours, la construction d'un corps de logis reliant les deux tours et de la tour octogonale de l'escalier. Enfin, il bâtit des toitures aussi hautes que la maçonnerie. L'architecture est du style pré-Renaissance et les travaux sont terminés en 1485. Si encore aujourd'hui nous sommes les témoins oculaires du château de la fin du XVe siècle, nous sommes moins précis sur le château primitif du XIIIe siècle ; les archives parlent d'un château-fort avec des fossés, un pont-levis et un mur de fortification comprenant 9 tourelles de défense. Le château-fort avait-il à l'origine quatre tours dont deux auraient été détruites par les Anglais ? Ce n'est pas impossible car l'espace entre le pied des tours et le mur de fortification (la basse-cour) est relativement important pour l'époque et on pouvait y loger deux tours supplémentaires.

L'alliance Chabans-Farges

Le 1er mai 1509, Marguerite de Farges, petite-fille d'Audoin, épouse le marquis Charles de Chabans, originaire du château d'Agonac. Cette place fortifiée d'Agonac construite au XIe siècle par l'évêque Frotaire de Périgueux pour barrer la voie romaine entre Paris et les Pyrénées comprenait 4 tours de défense. Chaque tour fut baptisée d'un nom celte qui donna naissance par la suite à 4 familles périgourdines. L'une d'entre elles fut appelée Chabans. Traduit de celte en français, Chabans signifie « creusé ».Les bâtisseurs de l'époque ont dû creuser dans le rocher pour coinstruire une des tours, d'où l'origine du nom. A la fin du XIe siècle, un des fils du Prince d'Aquitaine allié aux comtes de Poitiers, se fera appeler Chabans de Chabans puis par la suite Chabans. En 1516, Monsieur de Farges donne à sa fille le château de La Chapelle-Faucher et ses terres. C'est ainsi que cette demeure entre dans la famille Chabans et les propriétaires d'aujourd'hui en sont les descendants.

Les guerres de Religion

Cent ans après l'expulsion des Anglais, une guerre intestine se profilait à l'horizon du milieu du XVIe siècle ; la lutte entre les catholiques et les partisans de l' Eglise réformée ou Huguenots. Quel est le manoir, le château, l'abbaye (celle de Brantôme exceptée) qui n'a pas été pillé, incendié par l'armée huguenote en périgord ? Des crimes horribles et gratuits seront commis et La Chapelle-Faucher ne sera pas épargné. Le Périgord allait vivre une véritable terreur. En 1569, le Prince de Condé qui commandait l'armée huguenote aux côtés de l'Amiral Gaspard de Coligny fut tué de sang-froid à Jarnac par le jeune Henri d'Anjou (futur Henri III). Gaspard de Coligny reste le seul chef de cette armée et va rejoindre Saint-Yrieix où 3000 rêtres allemands vont grossir son armée. Il marche alors sur Thiviers, Saint-Jean de Côle et se trouve face à face avec des 260 paysans catholiques. Il fait charger ses cavaliers et les paysans apeurés par cette troupe se réfugient dans le château de la Chapelle-Faucher. Coligny les poursuit, les enferme dans la salle basse, le 2 juin 1569 vers 9 heures du matin et le soir même, les fait égorger un à un. Madame Coculs-Vallières dans son livre sur Brantôme analyse fort bien la situation : Personne ne sort grandi de cette affaire, ni les catholiques en assassinant le prince de condé à Jarnac ni les protestants en assassinant 260 paysans catholiques à La Chapelle-faucher. Crime horrible qui n'eut probablement pas le même retentissement qu'Oradour sur glane au XXe siècle.

La fronde

Le maître des lieux assiège son propre château. Episode familial et local mais qui n'échappa au jeune roi Louis XIV. En 1653, la famille Chabans avait adhéré au parti de la Fronde, à la suite du passage du Prince de Condé en Périgord. Le marquis et la marquise de Chabans avaient 3 fils : l'aîné Antoine était maréchal de camp de l'armée royale tandis que les deux autres demeuraient à La Chapelle-Faucher. En mars 1653, de retour de la campagne d'Italie aux côtés du duc de Guise, il se présenta à la porte de son château pour y prendre quelques jours de repos. Les gardes lui interdisent d'entrer et lui remettent une lettre de sa mère.Il apprend ainsi que son père est décédé et que ses deux frères n'accepteraient pas de recevoir un royaliste et envisageaint de le déshériter. Son sang ne fit qu'un tour et Antoine de Chabans se rendit à la Cour du jeune Louis XIV. Le roi Louis XIV, la reine-mère Anne d'Autriche, le duc de Guise puis le duc de Candale écriront à la marquise de Chabans pour la ramener à de meilleurs sentiments. Rien n'y fit. La Fronde se terminait à Paris tandis qu'elle était encore très présente en Périgord. Il est probable que le roi Louis XIV attacha une certaine importance à cet épisode familial puisqu'il autorisa le marquis Antoine de Chabans à reprendre son château par la force armée. « Louis par la grâce de Dieu, roi de France et de Navarre, j'autorise le marquis de Chabans à employer la force armée pour assiéger et prendre son château de La Chapelle-faucher. Je désigne notre cher et bien-aimé Jacques Dugarreau-Bourdellas, sieur des Eyssards, gentilhomme ordinaire de la chambre du roi, conseiller maître d'hôtel de sa Majesté, capitaine exempt des gardes du corps pour lever les troupes nécessaires à la prise du château de La Chapelle-Faucher. » Le 26 mai 1653 : signé Louis.

Le capitaine des Eyssards arrive en Périgord le 8 juin 1653 et se rend chez le marquis de Bourdeilles, sénéchal de Périgord, pour lui demander de lui fournir des soldats. André de bourdeilles, frère aîné de Brantôme, avait trois sœurs dont l'une épousa Monsieur Jussac d'Ambleville. De ce mariage est issue une fille qui épousa le marquis de Chabans, père d'Antoine. Le lien de parenté mit le sénéchal de Périgord dans l'embarras et pour se débarrasser du capitaine des Eyssards, l'envoya à Nontron pour rencontrer Monsieur de Sauvebœuf, lieutenant-général des armées du roi. Ce dernier entretenait des très bonnes relations avec la famille Chabans. Pour ne décevoir personne, il prêta 20 hommes au capitaine des eyssards sachant que 60 hommes défendaint le château, et que la mission serait vouée à l'échec. Malgré deux tentatives, le capitaine des Eyssards ne parvient pas à prendre le château. Le marquis de Chabans décide alors de lever lui-même des troupes et s'installe dans sa maison de Menesple près d'Eyvirat. Il s'en va trouver ses amis royalistes qui lui permettent de lever 200 cavaliers et 400 hommes de troupe. Le siège commença le 26 juillet 1653, La marquise de Chabans, femme très intrépide criait au milieu de la basse-cour. « Nous aurons ta peau Mazarin, nous te ferons bien quitter la place ». Le 31 juillet au soir, la mère et ses deux fils se rendaient tandis que le maître des lieux était rétabli dans son château.

Les aménagements du XVIIe siècle

Antoine de Chabans va entreprendre de grands travaux : démolition du mur de fortification, d'une écurie et du pont levis. Construction de la nouvelle écurie, de manège, du chai, du châtelet d'entrée et des terrasses. L'ensemble de ces bâtiments est construit sur l'emplacement de l'ancien mur de fortification.

Le XVIIIe siècle

Monsieur de Marsanges, beau-père d'un Chabans, souhaite finir ses jours auprès de sa fille. Il bâtit la maison attenante au château. Cette construction est très discutable, mais les propriétaires d'aujourd'hui lui pardonnent cette erreur car c'est leur seul toit. Quant à la Révolution, la famille Chabans fut épargnée par les tribunaux révolutionnaires probablement en raison des bonnes relations entre le village et son château.

L'alliance Bruc - Chabans

Au début du XXe siècle, la famille Chabans était composée de 6 filles. Quatre ne se marièrent pas. La cinquième épousa le vicomte de la Bintinaye mais n'eut pas d'enfant et la sixième Renée de Chabans épousa le comte de Bruc, originaire de Nantes. Yvonne, l'aînée des filles, souhaitant assurer la continuité de sa famille adopta en 1912, mon père Alain de Bruc pour être l'héritier du château, à condition que le nom de Chabans soit accolé à Bruc. Yvonne de Chabans meurt en 1914. Armes de la famille De Chabans.
Le blason des Chabans
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L'incendie du XXe siècle

Le 9 août 1916, la foudre tomba sur la girouette de la tour ouest. Le feu se propagea très vite et le château est embrasé sans que les pompiers arrivés tardivement ne puissent intervenir. Quelques travaux de restauration ont été entrepris. Aujourd'hui, le château décoiffé et privé de ses entrailles reste malgré tout le témoin muet de 800 ans d'histoire en Périgord.

Monsieur le Comte de Bruc-Chabans